Le projet Cap Solidarité organise des séjours éducatifs de rupture pour des adolescents en grand décrochage.
Ce projet permet au jeune de quitter pendant quelques mois son contexte de vie difficile, de faire une pause, de se recentrer sur soi et sur ses compétences, de reprendre confiance en lui. Le projet a démarré au Bénin en 2008 et a s’est ouvert vers le Sénégal et l’Europe 10 ans plus tard.
En Afrique, nous travaillons avec une équipe locale. En octobre, Omar et Lionel, nos collègues africains sont venus en mission en Belgique afin de découvrir l’autre côté du travail avec les jeunes qu’ils accueillent.
Nous en avons profité pour les interviewer …
Lionel, tu es éducateur pour le projet Cap Solidarité au Bénin, en quoi consiste ton travail ?
« J’accompagne les jeunes qui viennent en séjour. J’accueille le jeune à l’aéroport puis je l’installe dans son village, je vois avec lui quelles activités il souhaite faire et comment occuper ses journées.
Puis, je lui rends souvent visite, je parle avec lui, je vois s’il a des difficultés dans son séjour, je l’encourage dans ses stages, on fait des sorties sportives ensemble, … En dehors de ces accompagnements quotidiens, il y a trois entretiens éducatifs individuels avec lui, centrés sur le mandat (au début de son séjour, à la mi-parcours, et en vue de préparer son retour). J’organise aussi des entretiens psychosociaux par visio, en coordination avec l’équipe belge. »
Lionel, quel était l’objectif de ton séjour en Belgique ? Ton programme devait être chargé 😉 …
« Je souhaitais mieux me rendre compte du contexte de vie des jeunes, avant qu’ils n’arrivent en séjour de rupture. Voir toutes les étapes qui ont lieu avant que le jeune ne prenne l’avion (l’admission, le rendez-vous chez le mandant, la préparation avec son éducateur, …) mais voir aussi tout l’accompagnement que l’équipe fait avec le jeune, après son retour. Je voulais comprendre tout le système. Ce qui m’a marqué par rapport aux jeunes et que je ne réalisais pas en étant au Bénin, c’est que ces jeunes ont souvent une cellule familiale tout à fait décousue. En ayant observé cela, j’appréhende différemment leurs difficultés à présent.
C’est la première fois que je venais en Europe. Je suis donc sorti de mon contexte culturel pour apprendre différentes choses ici. C’est finalement tout à fait la même chose que quand un jeune quitte la Belgique pour venir vivre au Bénin. Je peux dire que j’ai vécu « un peu » la même expérience 😉 »
Omar, en quoi consiste ton travail au Sénégal ?
« Je suis éducateur et aussi le coordinateur local du projet. Mon rôle en tant qu’éducateur est d’accompagner les jeunes qui viennent en séjour, les amener dans les villages et faire le suivi avec ma collègue Ami. En tant que coordinateur, je gère aussi la comptabilité et l’administratif.
Avant que le jeune n’arrive, il y a tout un travail en amont : choisir le village (en fonction de la disponibilité du village et du profil du jeune), voir le chef de famille, préparer la famille d’accueil à l’arrivée du jeune, etc. Souvent, je rencontre le jeune à l’avance, par visio. C’est rassurant pour lui quand il arrive car on a déjà eu un contact.
Puis je vais chercher le jeune à l’aéroport et je le conduis au village, je passe la première nuit et la première journée avec lui. Une fois installé, le jeune voit l’éducatrice Ami, ou moi, 3 fois par semaine. »
Quelles sont tes contacts avec l’équipe belge, une fois que le jeune est sur place ?
« Nous avons réunion pédagogique tous les 15 jours, par Teams. On envoie le PEI de chaque jeune le vendredi qui précède la RP. J’ai aussi un contact par semaine avec Kevin. J’organise aussi les appels entre le jeune et son éducateur garant en Belgique, l’intervenante psychosociale, sa famille. »
Que retiens-tu de ton séjour en Belgique ? Qu’est-ce qui t’a marqué ?
« Tout d’abord, j’étais très content de revoir certains de mes jeunes. J’ai aussi participé à la cérémonie de mise à l’honneur. J’ai beaucoup appris, j’ai fait le tour de ce qui se fait en Belgique : j’ai participé à des entretiens d’admission, des réunions pédagogiques, des préparations de jeunes, des suivis en famille, des rendez-vous mandant, …
Par rapport au système de protection de l’enfance en Belgique, j’ai constaté que les jeunes sont très protégés. J’ai observé des jeunes qui étaient irrespectueux envers leur juge, cela ne se passerait jamais comme ça au Sénégal. »