« En Terre-1-Connue » a été pensé et créé par 3 services résidentiels d’aide à la jeunesse (l’Hacienda, le Logis et l’Amarrage) et se donne comme mission d’accompagner les jeunes les plus fragilisés et exclus du système.
Rencontre avec Elodie, éducatrice pour le projet, et Olivia[1] (la première jeune qui bénéficie de ce nouveau mode d’accueil).
En quoi consiste ce projet ? A qui est-il adressé ?
Elodie : « En Terre-1-Connue est adressé aux jeunes de 12 à 18 ans qui sont placés soit à l’Amarrage, soit au Logis, soit à l’Hacienda. Ce sont des jeunes en décrochage, en rupture avec leur milieu d’accueil, et pour qui d’autres outils ont déjà été tentés. Ils sont à la frontière des 3 secteurs (aide à la jeunesse, Aviq, santé mentale) et ne trouvent pas leur place.
Ils sont dans une grande souffrance et ont vraiment besoin d’une pause. En Terre-1-Connue leur permet de souffler, de découvrir d’autres choses, d’augmenter leur estime de soi. Notre objectif est aussi de créer un réseau autour du jeune, qui le rendra plus armé une fois qu’il retournera dans son lieu de vie. »
En quoi ce mode d’accueil est-il différent d’un foyer d’hébergement classique ?
Elodie : « Le cadre de vie est déjà tout différent d’une institution. En Terre-1-connue a élu domicile à la ferme Ecosphère (Loupoigne) : on est en pleine nature, les jeunes se sentent utiles, ils apprennent à prendre soin des animaux, ils travaillent dans la serre, …
Pour ces jeunes déscolarisés, ici, c’est vraiment « l’école de la vie ».
On les accueille du lundi au vendredi (le weekend, ils retournent dans leur institution d’origine). Tous les matins, ils sont occupés avec le travail à la ferme. Et les après-midis, on leur propose des activités sportives ou d’expression.
Notre structure est différente aussi car on est une équipe de 4 éducateurs pour 4 jeunes. C’est très intensif pour créer le lien. En plus, on est 24h/24 avec eux. »
L’équipe a été constituée mi-août et vous avez accueilli les 2 premiers jeunes fin septembre. Cela doit être passionnant de tout créer …
Elodie : « Oui ! Jusque mi-septembre, c’était plutôt du travail administratif : construire le projet pédagogique, le règlement de vie, le carnet de bord, les horaires, le projet de travail, etc…
Puis, les deux premiers jeunes, Olivia et Yann[2], sont arrivés. Ils se sont très vite et super bien adaptés. Pour l’instant, les jeunes sont logés dans un gîte près de la ferme, mais c’est temporaire. On est en train de construire, sur le site même de la ferme, des tiny houses individuelles (les chambres des jeunes), une yourte commune, des sanitaires, … Et pour cela, les jeunes mettent aussi la main à la pâte. Ils sont fiers de pouvoir contribuer à la naissance de ce projet ! »
Olivia, tu es la première jeune du projet … Tu peux me raconter pourquoi tu es ici ?
Olivia : « Je suis placée dans une maison d’accueil. Mes éducateurs ont pensé que ce projet serait positif pour moi. J’avais besoin de faire un break avec tout ce qui est scolaire et vie extérieure … »
Comment se passe une semaine-type ?
Olivia : « On arrive le lundi vers 9h. On fait les courses pour la semaine. Tous les matins, on travaille à la ferme : on commence toujours par les œufs et les poussins (nettoyage des poulaillers, …), puis on fait tout ce qui est maraichage. Les après-midis, on fait des activités avec les éducateurs (du sport, des visites culturelles, des ateliers d’expression, …). On avance aussi petit à petit dans la construction des yourtes. Quand les prochains jeunes arriveront, on sera un peu leurs « parrains ». On sera là pour les accueillir et leur montrer tout ce qu’on a appris. »
Tu aimes être ici dans ce rythme différent, dans cet endroit à part ?
Olivia : « Oui. Cela fait deux semaines que je suis là et je me sens déjà mieux. Avant d’arriver, j’allais peut-être me faire hospitaliser, mais maintenant, je suis occupée en journée (autrement que l’école que j’avais lâché), et je dors enfin la nuit. Je rigole. En arrivant, j’avais super peur des poules et maintenant je gère … alors je suis fière de moi 😉
Je commence à me confier aux éducateurs aussi. C’est plus facile car on est moins de jeunes que dans un foyer. »
Comment se passe le lien avec tes éducateurs du foyer justement ?
Olivia : « Je rentre le weekend et ça se passe bien. C’est plus apaisé. Ce que je vis ici impacte aussi ma vie extérieure. Mon éducatrice vient me rendre visite à la ferme, je peux partager de nouvelles choses avec elle, lui montrer ce que je fais. Ils voient que je suis capable de faire des choses. »
[1] Prénom d’emprunt
[2] Prénom d’emprunt