Voilà maintenant plus de 6 mois que ce projet expérimental, mené avec le Logis et l’Hacienda, a démarré.
Au-delà de cette collaboration tripartite, c’est tout un réseau d’ambassadeurs qui se mobilise autour de notre projet. En effet, afin de multiplier les regards et faire évoluer ce mode d’accueil alternatif, nous rassemblons régulièrement différents professionnels (psychologues, psychiatres, avocats, éducateurs, …) issus des structures suivantes : équipe mobile du réseau Archipel, Haute école Lucia de Brouckère, Entre-Mots (centre ambulatoire de soins et de consultations psychiatriques, psychologiques et sociales), SRJ la maison Familiale, SRJ La Clé des Champs, asbl Animae Mundi, La Petite Maison (hôpital psychiatrique pour enfants et adolescents), …
Rappelons, en quelques mots, la base du projet …
« En Terre-1-connue » se situe sur le site de la ferme Ecosphère (Loupoigne).
4 éducateurs y accompagnent un groupe de 4 jeunes du lundi au vendredi. Ces jeunes sont issus d’une des 3 structures d’accueil partenaires (Logis, Hacienda, Amarrage). Ces jeunes se situent à la croisée des 3 secteurs (aide à la jeunesse, santé mentale, handicap) et ne trouvent plus leur place dans le système d’hébergement « classique ». Ils mettent à mal leur lieu de vie d’origine. Leurs éducateurs se sentent démunis et un moment/lieu de répit semble approprié afin que le jeune, ainsi que ses éducateurs d’origine, puissent souffler.
« En Terre-1-connue » est donc un outil au service de l’institution d’origine. Le jeune y apprend l’autonomie et fait de nouvelles expériences : travail à la ferme, soin aux animaux, activités sportives et ateliers d’expression, …
Nous avons rencontré Julien Bronchart, le nouveau coordinateur du projet.
Combien de jeunes ont déjà participé au projet ?
« 5 jeunes depuis le début, dont 2 qui ont décidé de prolonger l’expérience au-delà des 3 mois initiaux. En fait, à la fin des 3 mois, on analyse en équipe et avec le jeune où on est dans le travail avec lui. On peut prolonger jusqu’à 6 mois maximum. Début janvier, on a accueilli deux nouveaux jeunes qui ne viennent pas d’une des 3 institutions. Ils viennent de leur famille et ont un passé institutionnel. C’est différent de ce qui avait été pensé au début : il s’agit d’un projet expérimental donc on teste sans cesse le fonctionnement 😉. Avec ces jeunes qui viennent directement de leur famille, le travail est un peu différent car notre personne de contact est la famille directement (tandis que quand le jeune vient d’une institution, on collabore avec son équipe d’éducateurs). Nous avons également l’aide d’une intervenante psychosociale de l’Amarrage pour le travail en famille puisqu’initialement c’est l’institution d’origine qui effectuait ce travail. »
Comment se passe justement la relation entre l’équipe « En Terre-1-connue » et l’équipe éducative de l’institution d’origine ?
« Le jeune est chez nous du lundi matin au vendredi fin de journée. Le weekend, il retourne dans son lieu de vie d’origine (lieu où il y avait justement des difficultés relationnelles ou de comportement). Tout le challenge se situe dans le lien et la communication entre nos deux équipes.
Pour cela, on met différentes choses en place : des moments d’échange entre l’éducateur de l’institution et l’éducateur d’En terre-1-connue au moment des arrivées et retours le weekend, un éducateur d’En Terre-1-connue participe idéalement 1X/mois à la réunion d’équipe de l’institution du jeune, l’éducateur de l’institution vient parfois passer un moment avec son jeune dans la ferme (il le voit à l’action, le jeune est fier de lui montrer ce dont il est capable, ça change le regard posé sur lui, …). »
Où en est l’aménagement du campement ?
« Pour l’instant, on dort toujours dans le gîte qui est à 1 km de la ferme. Le campement avance bien. La Yourte est déjà installée : c’est vraiment notre lieu de vie commun (la cuisine doit encore y être installée). Il y a déjà 4 tiny houses qui sont construites, mais pas encore aménagées. Ces roulottes seront les chambres et les sanitaires. Et alors, on attend l’arrivée d’une paillotte, un peu comme dans les villages africains : un petit chalet ouvert, un espace en plus pour se retrouver et échanger. »
Quelles premières conclusions vous tirez d’un tel projet ?
« On remarque que les jeunes sont attachés à « En Terre-1-connue ».
Pour reprendre les mots d’une jeune : « C’est un peu comme une petite famille ».
C’est vrai qu’on peut leur accorder beaucoup plus de temps et d’attention que dans un grand groupe de jeunes. Il y a deux éducateurs avec eux en permanence. Ils rencontrent aussi d’autres adultes : bénévoles de la ferme, ouvriers qui construisent le campement, partenaires comme Animae Mundi. Un des objectifs de son passage dans le projet est de lui créer un nouveau réseau. Le programme activités proposés leur permet de créer du lien rapidement.
A « En-Terre-1-connue », le jeune est au contact de la nature, il est plus apaisé, il se rend utile et a plus de libertés. En effet, on peut se permettre d’avoir un cadre plus souple, on essaye également de le responsabiliser et de l’impliquer le plus possible dans chaque décision. La réunion de jeune hebdomadaire lui permet de parler de ses émotions, ressentis et d’organiser la semaine à venir de manière participative, c’est également un moment important et fort attendu.»