Depuis l’arrivée du COVID, nous entendons souvent ce message dans les médias : « Les services de soins doivent prioriser ». Comment soigner tout le monde ? Qui peut-on hospitaliser ? Qui pourra être opéré prioritairement ? Un système parfait n’existe malheureusement pas et tous les systèmes ont leurs limites.
Thierry Verdeyen, directeur général d’Amarrage, partage ici ses réflexions :
« Comparaison n’est pas raison, mais je souhaitais profiter de cette actualité pour faire un parallèle avec le système d’accueil d’urgence du secteur spécialisé de l’aide à la jeunesse (secteur qui offre, chaque année, des services à environs 40.000 mineurs en difficulté !).
Parmi ses services agréés, le secteur compte 11 services résidentiels d’urgence (SRU), répartis sur l’ensemble de la fédération Wallonie Bruxelles. Ceux-ci peuvent accueillir un total de 89 enfants simultanément. Ces enfants y sont confiés pour une période de 20 jours renouvelable une fois. Les missions de ces services consistent à observer, évaluer et aider à réorienter l’enfant.
En 2020, notre SRU a comptabilisé 4180 demandes d’accueil, alors que nous n’avons pu héberger que 90 enfants sur l’année. Que sont devenus les enfants qui n’ont pas trouvé de place dans notre SRU ? Peut-être ont-ils trouvé une place dans un autre SRU, qui croule également sous les demandes ?
Comment s’organise la priorisation ? Ces jeunes nous sont confiés par une autorité mandante. Ces mandants cherchent désespérément une place pour ces enfants, qu’il faut protéger de manière urgente. Après avoir choisi quelle était la situation la plus urgente à traiter, les mandants passent des appels aux différentes structures en espérant avoir un peu de chance. Au SRU, dès 9h00 du matin, le téléphone ne cesse de sonner. S’il y a un lit de libre sur les 7 qu’offre notre service, celui-ci est automatiquement attribué au premier qui en fait la demande. Il n’y a donc pas de liste d’attente, et si par malchance le lit vient d’être attribué, il faudra tenter sa chance dans un autre service. Cette opération est à réaliser chaque jour, en espérant un jour recevoir une réponse positive.
Alors oui, « prioriser dans l’aide à la jeunesse », c’est le quotidien depuis plusieurs années et la situation ne va pas s’arranger favorablement dans les années à venir. N’oublions pas que s’il y a des enfants en danger, en amont il y a un système familial qui est fragilisé.
Le secteur de l’aide à la jeunesse est donc étroitement lié à l’évolution de notre société. Et s’il y a des solutions, elles n’auront malheureusement pas un effet immédiat ! Le secteur s’est habitué à cette situation et semble quelque peu résigné. Or on parle ici d’enfants en situation de danger … !
Cela ne doit pas cacher l’excellent travail qu’effectuent les travailleurs du secteur avec tous les enfants qui ont la chance d’être aidés. »
Découvrez le travail de notre équipe au SRU :